Colloque : 25-29 mai 2021 (sur zoom) La communication. Philosophie, religion, société – Congrès International Schleiermacher à Paris

Organisateurs:

Université Paris Nanterre (Christian Berner); Berlin-Brandenburgische Akademie der Wissenschaften (Sarah Schmidt); Centre Georg Simmel-EHESS/CNRS (Denis Thouard); Internationale Schleiermacher-Gesellschaft

Voici le lien pour l’inscription:

Internationaler Schleiermacher-Kongress 2021: Kommunikation in Philosophie, Religion und Gesellschaft – Berlin-Brandenburgische Akademie der Wissenschaften (bbaw.de)

Thématiques:

  1. Polémique – Apologie: Controverses en Religion, science et société
  2. Jeu – Protestation – Utopie: communauté et société
  3. Matérialité et Medialité de la communication: Techniques du discours : écrire, lire, traduire.

À « l‘ère de la communication digitale », les mots et les images parcourent sans peine toutes les distances à la vitesse d’une fraction de seconde, les capacités d’enregistrement ne connaissent apparemment pas de limites, le « monde » se compose d’une multitude de réseaux sociaux qui échangent des textos, des courriels, des tweets, ou qui s’activent sur Facebook ou sur google. Dans le même temps, l’information, que ce soit dans sa diffusion, sa manipulation, sa sélection ou sa rétention tout comme son exploitation à grande échelle, devient un facteur économique et politique central, qui reflète des écarts de pouvoir et attise les conflits, auquel l’utilisateur particulier semble être livré sans secours.

Une réflexion critique sur les conditions actuelles de la communication devient une nécessité et une urgence. En cela il ne s’agit pas simplement d’une critique éclairée de « l’économie de l’information », mais du concept de communication lui-même qui risque de subir une réduction drastique dans l’usage quotidien twitterisé. Car l’envoi quotidien de messages de plus en plus brefs, voire de simples likes ne favorise pas seulement une communication normée, fixée sur des décisions binaires ; il nourrit également la représentation purement positiviste de la communication qui identifierait celle-ci à un paquet transportable envoyé d’un lieu à l’autre et qu’il suffirait simplement de déballer.

Dans ces conditions, un pas de côté s’impose pour revenir à la conception de la communication présupposée par ces pratiques, qui, bien avant la révolution digitale, éclairent sa constitution médiale, son conditionnement linguistique, culturel et social, sa portée esthétique et religieuse non moins que sa dimension profondément éthique.

Le congrès Schleiermacher 2020 à Paris se concentre sur Schleiermacher (philosophe, théologien, pédagogue, traducteur pédagogue) en tant que théoricien de la communication. Que ce soit dans son activité de professeur à l’université, de prédicateur, de réformateur politique, de publiciste, salonnier ou épistolier, Schleiermacher était lui-même un immense communicateur. Le concept de communication lie ensemble de nombreux aspects centraux de sa pensée. Sa pratique tant philosophique que théologique ou philologique se caractérise par son extrême processualité, étrangère à tout système figé. Les savoirs qui se manifestent dans le langage, l’agir moral, l’expérience religieuse et l’esquisse d’institutions communautaires sont en devenir perpétuel et ne se concrétisent que dans l’échange de femmes et d’hommes luttant ensemble, s’aimant ou se détestant, projetant des idées ou luttant pour la communauté et l’individualité. La communication ne se produit pas dans un espace hors-sol, elle est toujours l’expression d’une histoire religieuse, linguistique, scientifique et culturelle, dans laquelle nous nous inscrivons à tout moment et que nous ne pouvons, en raison de notre implication en elle, apercevoir que de façon perspective.

La théorie de la communication de Schleiermacher trouve dans ses leçons sur la dialectique et l’herméneutique sur le processus de compréhension et de pensée conflictuelle un fondement épistémologique, elle se réfléchit en pratique et en théorie dans ses traductions sur le fond d’une différence insurmontable des langues, elle est enfin le moteur et le mode de l’exercice vivant de la religion. Elle reçoit dans la sociabilité comme libre jeu des pensées dans l’espace expérimental d’une société sans hiérarchie une portée esthétique et sociale centrale, étant par là partie d’une éthique englobant toutes les activités humaines.

Lors du congrès Schleiermacher, il s’agira de prendre en compte la communication à tous ses niveaux, du plus individuel, dans la mesure où, en constituant le sujet, elle détermine le processus de toute pensée, de toute décision en conscience, de tout acte artistique, au plus général, avec la communication entre Etats, communautés religieuses et cultures. Une attention particulière sera portée à l’actualisation de ces projets et de leurs contextes dans l’histoire intellectuelle, de leur correspondance systématique avec d’autres penseurs et penseuses ainsi que son apport aux débats et constellations de problèmes actuels. La question des conditions et des limites d’un dialogue interculturel et interreligieux, des présuppositions de l’agir communicationnel peuvent en cela constituer de possibles points de départ, autant que ses conceptions de l’auteur et de l’écrit, ou des études contrastives de mediums communicationnels anciens ou modernes.

Comment peut-on représenter les réseaux de communication et les sélectionner (par exemple les agendas de Schleiermacher) ? quelle portée religieuse, sociale ou politique reçoit la communication des émotions (dans un sermon par exemple) ? quelles opérations de transfert savant ou culturel sont-elles assumées par les traductions ? Est-ce que sommeille dans l’éthique de Schleiermacher une forme d’hospitalité et de sociabilité politiquement exploitable et moralement obligeante, qui puisse nous aider à nous orienter en ces temps de migrations mondiales ?