Emmanuel Désveaux
Directeur d’études de l’EHESS
domaine : anthropologie structurale américaniste et européaniste
chaire : Anthropologie néo-structurale
Emmanuel Désveaux s’inscrit dans la lignée du structuralsime lévi-straussien qu’il entend revitaliser en lui restituant ses racines ethnographiques, dépendantes donc d’aires culturelle précises, d’une part, en enrichissant la panoplie des instruments d’analyse formelle, d’autre part.
Principales publications :
- La Parole et la substance. Anthropologie comparée de l’Amérique et de l’Europe, Paris, Les Indes savantes, 2017, 340 pages.
- Avant le genre. Triptyque d’anthropologie hardcore, Paris, Editions de l’EHESS, 2013, 292 pages.
- Faire des Sciences Sociales. Généraliser, sous la direction de Emmanuel Désveaux et de Michel de Fornel, Paris, Editions de l’EHESS, 2012, 326 pages.
- Au-delà du structuralisme. Six méditations sur Lévi-Strauss, Paris, Editions complexes, 2008, 160 pages.
- Spectres de l’anthropologie. Suite nord-américaine, Paris, Editions Aux-lieux-d’être, 2007, 336 pages.
- Quadratura Americana. Essai d’anthropologie lévi-straussienne, Genève, Georg, 2001, 648 pages.
- Sous le signe de l’ours. Mythes et temporalité chez les Ojibwa septentrionaux,Paris, Editions de la Maison des sciences de l’homme, 1988, 320 pages.
Après des études d’histoire, de géographie et de philosophie à l’université de Vincennes (où il a pour maîtres Y. Lacoste, F. Châtelet, G. Deleuze ou encore J.-F. Lyotard), E. D. se tourne vers l’anthropologie au niveau du doctorat en s’inscrivant à l’EHESS sous la direction de M. Godelier. C. Lévi-Strauss l’encourage alors dans son intention de faire du terrain parmi un groupe d’Indiens d’Amérique du Nord. Entre 1979 et 1983, il effectue une série de longs séjours dans le Grand Nord canadien chez les Ojibwa septentrionaux dans le Nord-Ouest de l’Ontario. Prenant le contre-pied des stratégiques explicatives de l’anthropologie dominantes à l’époque dans l’interprétation de telles sociétés de chasseurs-collecteurs, à savoir un déterminisme tantôt écologique, tantôt historique, il a recours d’emblée à leur mythologique afin d’accéder au cœur de l’altérité culturelle à laquelle son ethnographie le confronte Sous le signe de l’ours. Mythes et temporalité chez les Ojibwa septentrionaux (1988)
Emmanuel Désveaux poursuit sa réflexion en élargissant la perspective à un projet comparatiste à l’échelle de l’Amérique du Nord. Il s’agit de démontrer que la logique transformationnelle panaméricaine mise en relief par Lévi-Strauss vaut non seulement pour les mythes, mais aussi pour les rites, pour les objets et pour les organisations sociales. Si cela l’a conduit à s’intéresser particulièrement aux attendus épistémologiques du structuralisme lévi-straussien (en particulier aux quadrant : groupe de Klein et formule canonique des mythique), cela l’a conduit également à se pencher sur la parenté et à entreprendre une critique radicale des fondements de ce que ce qu’on pourrait appeler la « raison parentaire ». Son livre Quadratura americana. Essai d’anthropologie lévi-straussienne( 2001) rend compte de cette rcritique. La démonstration a été étendue ensuite au domaine des langues, invitant ainsi à renouveler la question des classifications linguistiques, ainsi qu’à celui de l’art en mettant au jour des continuités formelles entre différents styles tenus jusqu’à maintenant pour radicalement distincts (par ex. la Côte nord-ouest et les Plaines, ou encore les Pueblos et le grand Sud-Est). Tous ces efforts jettent les bases d’un méga-culturalisme qui renouerait sous certaines conditions avec la tradition anthropologique allemande, perspective développée dans le livre Spectres de l’anthropologie. Suite nord-américaine (2007).
Emmanuel Désveaux a contribué également à l’anthropologie européaniste, s’inspirant de ses propres expériences ethnographiques relatives à la tauromachie ou encore à la vie paysanne alpine. Il s’est ainsi intéressé à la notion d’avatar, comme à celle de sacrifice, aux modalités de la dévolution patrimoniale ou du mariage envisagé avant tout comme le déplacement de la femme de la maison paternelle vers celle du mari. À la suite d’un séjour de deux ans en Allemagne – qu’il considère avoir valeur de terrain ethnographique – il approfondit sa réflexion en intégrant la question de la différence culturelle à l’intérieur même de l’Europe. Deux corpus étayent sa réflexion en ce domaine, celui de l’architecture vernaculaire alpine d’une part, de l’iconographie féminine d’autre part, pornographie contemporaine incluse. Le volet européaniste de ses recherches a largement nourri ses deux derniers ouvrages. Avant le genre. Triptyque d’anthropologie hardcore (2013) tente ainsi une synthèse de la diversité des cultures du monde qui s’articulerait autour de trois nuclei – l’Amérique, l’Australie et l’ensemble Africano-eurasien –, chacun d’entre eux étant fondé sur une perception spécifique de la relation entre les sexes, tandis que La Parole et la substance. Anthropologie comparée de l’Amérique et de l’Europe ( 2017) s’attache à mettre en relief l’opposition entre une aire cutlurelle, le Nouveau Monde, régentée par une impératif de sémantisation totale de la vie sociale et une autre, notre propre continent, où prédomine plutôt une obsession de la matérialité des choses et des êtres qui se fait à la fois le vecteur de leur valorisation ou de leur désir de transcendance . Il s’agit là de deux façons radicalement distinctes non seulement de voir le monde, mais de le vivre. Emmanuel Désveaux a développé en outre dans ce dernier ouvrage de nouveaux instruments d’analyse structurale, notamment en introduisant la « formule logico-compacte » en marge du groupe de Klein et de la formule canonique des mythes.
Ces prochaines années Emmanuel Désveaux compte amplifier ses chantiers européens afin de reprendre les discussions sur le rapport entre hisitoire et anthropologie aussi bien à propos de l’archtecture alpine qu’à propos de la relation entre les sexes. Les deux phénomènes possèdent leur historicité propre en effet mais n’en sont pas moins régentés par une logique de groupe de transformations. Cet aspect de son travail en cours ne le conduit pas à négliger l’Amérique dans la mesure où il est le ccordinateur d’un programme ANR intitulé « Nambikwara » qui débutera en janvier 2019 et qui est entèrement consacré aux volumineux carnets de terrain de Cl.Lévi-Strauss déposés à la Bibliothèque nationale.
Emmanuel Désveaux a été directeur des Edtions de l’EHESS (2013-2018).
Emmanuel Désveaux a été le coordinateur scientifique de l’ANR SOURVA « Aux sources de la variation culturelle » (2014-2018).
Emmanuel Désveaux a été directeur scientifique au musée du Quai Branly durant la phase de conception et de construction de l’établissement (2001-2006).
Emmanuel Désveaux a été commissaire de l’exposition « Kodiak, Alaska, les masques de la collection Alphonse Pinart » (Paris, 2002).
Emmanuel Désveaux assuré l’édition scientifique de Montaigne à Montaigne de Cl. Lévi-Strauss (Paris, Éditions de l’EHESS, 2016) et a rédigé la préface de la nouvelle édition des Structures élémentaires de la parenté du même auteur (Paris, Éditions de l’EHESS, 2017).