Poétique du récit historique

1750-1900 Programme de formation-recherche du CIERA 2012-2014

I. Responsables du projet

  • Élisabeth Décultot (Directrice de recherches au Centre Georg Simmel — EHESS/CNRS)

en collaboration avec :

  • Daniel Fulda (Professeur de littérature allemande à l’Université de Halle)
  • Christian Helmreich (Maître de conférences au Département d’Études germaniques de l’Université de Paris 8)
  • Jacques le Rider (Directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études)
  • Johannes Süßmann (Professeur d’histoire à l’Université de Paderborn)

Contacts : elisabeth.decultot@ens.fr

II.  Présentation

On s’accorde à dire que l’acception moderne de l’Histoire émerge en Europe occidentale au cours du XVIIIe et du XIXe siècle. Cette période est aussi celle de l’émergence d’une intense réflexion sur la manière d’écrire et de présenter l’his­toire, qui se traduit par l’apparition de nouvelles formes de récits historiques. Ces récits obéissent à des règles de composition variées, mais qui toutes posent de façon centrale le problème de l’arti­culation entre d’une part les contraintes du travail historiographique, nécessairement fondé sur l’ex­ploi­tation rigoureuse des sources et leur vérification, et d’autre part les lois de la narration, en par­tie empruntées au domaine de la production littéraire en général, c’est-à-dire aussi à des modèles fictifs.

Ce double mouvement, marqué à la fois par une interrogation sur la manière d’écrire l’histoire et l’émergence de nouvelles formes de récits historiques, concerne tous les domaines de l’histoire, si divers soient-ils par leur échelle ou par leur objet : histoire universelle et histoire nationale, histoire de la nature, histoire de l’art, histoire des sciences, histoire de la littérature, histoire de la philo­sophie, etc. Pour l’ensemble de ces histoires, la production du récit historique impose à l’historien un certain nombre d’opérations : mise en relief d’époques, d’épisodes, de personnages, voire de “héros” choi­sis, sélection d’un certain nombre de faits à l’intérieur du continuum temporel, scansion du récit par l’introduction de césures, division en chapitres, choix de titres pour ces différentes parties.

Ces phénomènes n’ont pas échappé à l’analyse. Hayden White et Paul Ricœur, par exemple, ont mis en évidence les processus de “mise en récit” (emplotment) ou de “mise en intrigue” de l‘Histoire par lesquels les historiens imposent à leur sujet certaines perspectives et cherchent à orien­ter la réception de leur public. Si l’écriture de l’Histoire compose ainsi avec les lois du récit, il faut aussi noter que, dans un mouvement symétrique et complémentaire, le récit romanesque ou l’art théâ­tral, durant la même période, composent avec l’Histoire.

L’objet du présent projet est d’interroger précisément la coexistence de ces différents dispositifs nar­­ratifs, en alliant les compétences et champs disciplinaires multiples que ce type de questionne­ment requiert : Histoire, philosophie, études littéraires (ou narratologiques), histoire des sciences, histoire de l’art, archéologie.

III. Calendrier des manifestations

— 18 et 25 mars, 8 et 15 avril  2013, 14h-16h.

Cycle de 4 conférences de Daniel Fulda (dans le cadre d’une chaire de « professeur invité » par l’EPHE)

Lieu : Paris, INHA, 2, rue Vivienne, 75002 Paris, salle de l’EPHE.

Histoire et récit en 1700, 1800, 1900 et 2000

 

— 23-24 mai  2013

Journées d’étude à l’Université de Halle

Diversité du récit historique. Poétique et épistémologie de l’histoire en France et en Allemagne

à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle

 

— 14-15 février 2014

Colloque à l’Université de Paderborn

Représentation de l’Histoire entre mise en scène et mise en question

Historiographie et littérature du XIXe siècle en France, en Espagne et en Allemagne face au problème de l’incommensurable historique

 

— 22-24 octobre 2014

Colloque à  Paris, Deutsches Historisches Institut

Poétique et politique du récit historique 1750-1900